L'avenir selon Edgar Morin

Le philosophe et sociologue est né le 8 juillet 1921. A bientôt 103 ans, sa vivacité d'esprit est intacte, sa réflexion sur le monde dans lequel nous vivons n'a jamais été aussi acérée.

Les éditions « l'aube » ont publié ce mois d'octobre un opuscule intitulé « Mon ennemi, c'est la haine », sous forme de dialogues avec Véronique Châtel & Jean-Claude Perrier.

Parmi les sujets abordés, Edgar Morin est interrogé sur cette longévité qui ferait de lui un « miraculé ». Prescrirait-il au lecteur, ce « fameux régime crétois, le régime méditerranéen » fait d' « huile d'olive, une vie saine, surtout pas de sport » ?

Et Edgar Morin de répondre : « Ça c'est du point de vue physiologique... Mais j'ajoute que je crois beaucoup plus que c'est la curiosité, l'amitié, l'amour, la vivacité des sentiments, qui m'ont entretenu vivant et qui n'ont pas cessé de le faire puisque j'ai noué une union quand j'avais 89 ans et que je vis, que je continue à vivre une vie d'amour pour ma compagne. Hélas, je déplore la disparition d'un grand nombre d'amis extrêmement chers, extrêmement proches, mais il m'en reste quelques uns de très précieux. Je crois que ce sont ces liens qui m'aident à vivre ».

Quand on l'interroge sur l'avenir, la réponse d'Edgar Morin fuse : « Je suis très inquiet pour l'avenir. Ni les médias ni les gouvernants n'ont conscience que nous sommes emportés dans une crise historique énorme de l'humanité : il y a une grave carence de la pensée à tous les niveaux ».

Edgar Morin serait-il pessimiste ? Il nous livre aussitôt trois vérités de nature à donner de l'espoir : « La première se trouve dans le vers du poète et philosophe Friedrich Hölderlin (Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve), la seconde est qu'il faut s'attendre à l'inattendu...Ce qui me donne l'espoir aussi, ce sont les possibilités créatrices de l'esprit humain ».

Edgar Morin a trouvé chez Dostoïevski, « les messages de compassion et de complexité humaine ».

Compassion pour les humbles, les humiliés et les offensés, ces personnages féminins ou masculins qui l'ont éclairé sur la complexité de l'âme humaine.

Telle est pour Edgar Morin la voie qui conduit à la « bienveillance ». Et, affirme-t-il, « il est bon d'être bon ! ».

Un ouvrage qui aide le lecteur à ne jamais désespérer et à prendre son avenir en mains. Il suffit tout simplement de croire « aux possibilités créatrices de l'esprit humain ». Une vraie leçon de vie.