26 Octobre 2023
Le monde est en ébullition...
J'aurais pu vous parler des combats qui, au Sahel, opposent le Mali, le Burkina Fasso ou le Niger aux mouvements islamistes ayant opté pour le terrorisme afin de renverser des régimes fragiles qui ont vu ces dernières années, se succéder les coups d'Etat militaires. Le but des factions islamistes étant l'instauration de califats.
Je pourrais disserter sur le conflit qui, au Yémen, oppose depuis plusieurs années les forces gouvernementales aux Houthis avec en arrière plan, la volonté de Emirats arabes unis et l'Arabie Saoudite d'un côté, l'Iran de l'autre, d'en découdre.
J'aurais pu aussi vous entretenir de la situation en Afghanistan sous la coupe des talibans qui ont fait retomber une chape de plomb sur une population terrorisée.
Ces sujets ont été évoqués à plusieurs reprises sur ce blog et bien malin celui qui pourrait percevoir une lueur d'espoir pour les populations sahéliennes, yéménites ou afghanes qui subissent au quotidien les conséquences de conflits ayant pour enjeu l'hégémonie de régions où règne la misère aggravée par la guerre.
Nous vivons à l'heure du zapping et ces dernières semaines, trois conflits se sont imposés sur les chaînes d'information. Des conflits plus près de nous sur le plan géographique dans lesquels on peut voir apparaître en filigrane, l'ombre portée d'un Etat qui a décidé de croiser le fer avec ce qu'il déteste le plus, la Démocratie.
Depuis bientôt deux ans, la guerre fait rage aux portes de l'Europe, je veux parler de l'Ukraine avec une menace directe d'extension du conflit à des pays membres de l'Union européenne. La « contre-offensive » annoncée pendant des mois, n'a pas donné, loin de là, les résultats escomptés. Les lignes restent sensiblement figées alors que dans le camp occidental qui soutient l'Ukraine, la lassitude commence à gagner les opinions. Alors que dans ce conflit les morts se comptent par centaines de milliers. En outre, à travers les votes intervenus à l'ONU, on a pu réaliser combien ce qui paraît évident à Washington, Paris, Londres ou Berlin, l'était beaucoup moins au niveau planétaire. Il suffit d'examiner les votes émis par l'Inde, le continent africain ou les Etats sud-américains. Et je ne parle pas des deux puissances que sont le pays agresseur, la Russie et son allié la Chine.
Située en Asie occidentale dans le Petit Caucase, l'Arménie a vu 80 % de la population de l'enclave située en Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh, soit plus de 100 000 personnes, devoir fuir des territoires qu'ils occupaient de manière ancestrale. En l'espace de quelques jours à la mi-septembre, les troupes azerbaïdjanaises ont pris le contrôle total de l'enclave, contraint les autorités séparatistes à déposer les armes et à dissoudre la république autonome qui était en place. Cette offensive éclair de Bakou s'est produite alors que 2 000 soldats russes avaient pour mission de protéger le corridor de Latchine mis en place après la dernière guerre de 2020 ayant opposé l'Arménie et l'Azerbaïdjan, seule possibilité d'accès au Haut-Karabakh pour la circulation des personnes, ainsi que de la nourriture. Les troupes russes, certainement occupées par ailleurs, n'ont pas bougé le petit doigt face à ce qui a été qualifié de « nettoyage ethnique » et d' « épuration ». Cette offensive éclair de Bakou intervenue le 19 septembre dernier est une nouvelle fois, la démonstration que désormais, la force a supplanté le droit. Soutien de l'Arménie qui craint que son intégrité territoriale ne soit remise en cause par l'Azerbaïdjan, la France s'est engagée le 23 octobre en signant des contrats d'armement ainsi que par l'envoi de militaires pour la formation des troupes arméniennes.
Bien nommer les choses : Les actes commis le 7 octobre 2023 par l'organisation terroriste le Hamas constituent un crime de guerre et probablement un crime contre l'Humanité. Le Hamas ne peut comme l'a fallacieusement prétendu madame Obono députée LFI, être considéré comme une organisation de « résistants ». Son but n'est pas de concourir à l'édification d'un Etat palestinien comme le prévoyaient les Accords signés en 1947, mais plus simplement, la destruction de l'Etat d'Israël. Pour y parvenir, le Hamas a monté une opération parfaitement planifiée, préparée de longue date, dans le but de massacrer le plus grand nombre possible de personnes se trouvant ce 7 octobre au matin, sur le territoire d'Israël. Ainsi, a-t-il ôté la vie à 1 400 hommes, femmes, enfants, bébés et s'est-il emparé de plus de 200 otages pour pouvoir ensuite les négocier sans aucun respect pour la vie.
En rester là dans la dénonciation, serait avoir parcouru seulement la moitié du chemin. Comment passer sous silence le massacre que l'armée israélienne Tsahal commet en réplique et dont est victime en premier lieu, la population civile de Gaza. A ce jour, plus de 7 000 gazaouis ont été tués parmi lesquels, un millier d'enfants. Alors même que l'offensive au sol annoncée par Netanyahu comme imminente, n'a pas encore débuté. A combien de milliers de morts arrêtera-t-on le compteur ? Je n'ose évoquer les menaces du Hezbollah libanais et de l'Iran voisin qui, si elles sont mises en œuvre, pourraient aboutir à un embrasement de toute la région.
Comment en est-on arrivés là ? En 1948, lors de la création de l'Etat d'Israël, sur la terre de Palestine, deux Etats devaient vivre côte à côte, leur sécurité et la paix dans la région devaient y régner. C'est le 29 novembre 1947 que l'Assemblée générale de l'ONU avait approuvé le plan de partage de la Palestine. Ce plan prévoyait la partition de ce territoire en trois entités avec la création d'un Etat juif, d'un Etat arabe, tandis que Jérusalem était placé sous contrôle international.
Très vite, les armes parlèrent. A plusieurs reprises, dans ce blog, j'ai insisté sur le désintérêt dont fit preuve la communauté internationale pour parvenir à mettre en œuvre les accords qui avaient permis la création de l'Etat hébreu. Les choses n'étaient pas simples, les rancoeurs tenaces, les arrière-pensées bien présentes, mais fallait il pour autant abandonner ? La multiplication des colonisations en Cisjordanie, l'humiliation quotidienne dans laquelle vivent depuis des années les habitants de la bande de Gaza, l'abandon de l'espoir palestinien d'avoir un jour un Etat, tout cela a contribué à entretenir « l'ébullition dans le chaudron » qui ne demandait qu'à exploser. Les terroristes du Hamas l'avaient compris et l'ont fait.
Les accords d'Abraham signés à Washington sous l'égide de Trump le 15 septembre 2020 entre les Emirats arabes unis et le Bahreïn d'une part, l'Etat d'Israël d'autre part, suivis des accords de normalisation signés avec le Maroc et le Soudan, enfin, les pourparlers qui étaient en cours avec l'Arabie saoudite, ont fini par convaincre les plus modérés qu'il en était terminé d'une « solution à deux Etats ». La communauté internationale et en premier lieu les Etats-Unis, portent une part importante de responsabilité dans cette situation. Nos dirigeants qui, ces derniers jours ont pris la route de Tel-Aviv, de Ramallah et du Caire doivent enfin réaliser qu'il ne peut y avoir de paix dans cette région que si sont prises en compte ces réalités et ces aspirations. Survoler le sujet, c'est accepter que de nouveaux massacres se produisent dans un avenir plus ou moins éloigné.
Au Kremlin on se frotte les mains car on espère faire oublier l'Ukraine et le tapis de bombes qui, depuis bientôt deux ans, sont déversées quotidiennement sur la population ukrainienne. A Moscou on se permet de faire la leçon à Israël et on en vient à évoquer les "méthodes cruelles" qui seraient utilisées dans le conflit. Parole d'expert...
Peut-être penserez vous que tout cela est bien loin. Faux, ces événements impactent notre quotidien. Le risque d'attentats terroristes est très élevé alors que trois ans après Samuel Paty, l'indicible a été à nouveau commis dans un lycée.
Un peu partout sur notre planète, se confirme l'urgence de parvenir à l'exigence que posait Jean Jaurès lorsqu'il déclarait : « L'affirmation de la paix est le plus grand des combats ». Il reste à souhaiter que ces propos ne resteront pas lettre morte.