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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

L'esprit de Munich

 

Y faire référence, c'est évoquer les accords qui furent signés à Munich dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938. La France était représentée par son Premier Ministre Edouard Daladier. Y participaient également Adolf Hitler pour l'Allemagne, Neville Chamberlain pour la Grande Bretagne et Benito Mussolini pour l'Italie. Il s'agissait de régler la crise que connaissait la Tchécoslovaquie à propos des Sudètes, cette région peuplée majoritairement d'allemands.

Aux termes de ces accords, les Sudètes seront livrées à l'Allemagne nazie, scellant la mort de la Tchécoslovaquie en tant qu'Etat indépendant.

Après leur signature, une partie de la presse française pourra pavoiser, « La Paix est sauvée ». Une foule enthousiaste était venue accueillir Daladier de retour de Munich à l'aéroport du Bourget. A sa descente d'avion, le Premier Ministre français confiera à un diplomate : « Ah les cons, s'ils savaient ! ».

Cet esprit de capitulation l'a emporté cette semaine dans la même ville de Munich à l'occasion du match de coupe d'Europe de foot opposant l'Allemagne à la Hongrie. Sur proposition du maire de la capitale du Land de Bavière, le stade devant accueillir la rencontre, devait être illuminé aux couleurs de l'arc-en-ciel symbole du combat pour les droits de la communauté LGBT. C'était sans compter sur Viktor Orban, l'homme fort de la Hongrie et ses soutiens des pays de l'Est en particulier la Pologne et la Slovénie dont l'un des siens, Aleksander Ceferin, préside aux destinées de l'UEFA. L'instance organisatrice de la compétition s'est opposée à cette proposition qui avait reçu le soutien du gouvernement allemand et de la Commission européenne.

Il faut dire que cette initiative du maire social-démocrate de Munich intervenait dans un contexte particulier concernant les engagements pris par les Etats membres de l'Union Européenne (UE) lors de leur adhésion, relativement au respect des Droits Humains, de l'égalité et de la dignité.

Le parti de monsieur Orban, le Fidesz, au pouvoir en Hongrie, vient d'adopter un projet de loi devant entrer en vigueur le 1er juillet prochain. Ce texte assimile homosexualité et pédophilie et interdit les contenus considérés comme promouvant l'homosexualité. Ce projet de loi qualifié de « honte » par la présidente de la Commission Européenne est considéré comme « clairement discriminatoire envers les personnes en raison de leur orientation sexuelle ».

Peu importe pour monsieur Orban qui considère qu'il est au contraire, « au centre des valeurs européennes, au centre d'une UE ouverte et tolérante ». Circulez, il n'y a rien à voir !

Le Premier Ministre hongrois a dans un passé récent, ouvertement bafoué les valeurs européennes en matière d'immigration, d'indépendance de la justice ou de liberté des médias. Une fois de plus, malgré les menaces brandies par les instances de l'UE visant le lancement d'une procédure d'infraction, « l'illibéral » Orban n'en a cure et prépare à sa façon les législatives de son pays en mettant le doigt sur un sujet qui, en Europe, est une ligne de fracture entre l'Est et l'Ouest.

On peut craindre qu'en raison de la règle de l'unanimité, les sanctions qui pourraient être prises contre la Hongrie ne quittent la sphère de la symbolique. Il paraît toutefois légitime de se demander si ce pays à toujours sa place dans l'Union Européenne telle que nous l'avons construite ou bien si la majorité des autres Etats membres devra se convertir au « néoconservatisme » et à « l'illibéralisme » orbanien pour qu'enfin, l'harmonie règne sur le sol européen.

L'esprit de Munich, on le retrouve dans les derniers développements des relations que l'UE entretient avec le raïs turc, Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci, dont l'impopularité ne cesse de grimper dans une Turquie en prise avec une grave crise économique, vient d'être remis en selle lors du dernier sommet de l'OTAN du 14 juin. Une semaine plus tard, dans une conversation téléphonique avec la présidente de l'UE, il a fait appel à la nécessité de « mettre en œuvre un agenda positif » entre l'Union et la Turquie.

Qu'à cela ne tienne, l'UE règlera à la Turquie une somme supplémentaire de 3,5 milliards d'euros venant compléter les 6 milliards d'euros alloués par Bruxelles dans le cadre de la gestion des 3,7 millions de réfugiés syriens hébergés sur le sol turc. En matière « d'agenda positif », le raïs ne pouvait espérer mieux. Un sacré coup de pouce !

J'ai a plusieurs reprises, dénoncé dans mes billets, l'absurdité qu'il y a à confier à un Etat ayant à sa tête un islamo-conservateur, la gestion des réfugiés syriens afin qu'ils ne puissent pénétrer sur le sol européen. On se souvient que voici quelques mois, ce même Erdogan menaçait d'ouvrir les frontières pour faciliter l'entrée en Europe de populations dont il est de notoriété que parmi celles-ci, se sont infiltrés des terroristes. En outre, est-il utile de rappeler le rôle pour le moins ambigu joué par la Turquie d'Erdogan vis à vis des mouvements terroristes à la frontière syrienne ?  Alors, chez nos dirigeants, aveuglement ou esprit de capitulation ?

Comme on le voit, « l'esprit de Munich » n'a pas disparu avec la signature des accords qui ont fait comprendre à Hitler que la route était libre. On connait la suite...

Dans notre quotidien, combien de fois sommes-nous confrontés au dilemme d'avoir contre vents et marées à défendre des principes sur lesquels nous ne devons pas transiger et la tentation, pour un confort immédiat ou une sécurité souvent illusoire, de composer avec ces mêmes principes, ces mêmes valeurs.

Au fond, comme si « l'esprit de Munich » sommeillait en chacun d'entre nous.

 

 

 

 

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