6 Juin 2021
Social-démocrate assumé et revendiqué, profondément ancré dans les deux cultures celle dont est issu le chanteur occitan Claude Marti et celle du chanteur catalan Lluis Llach, à mon corps défendant, je ne pourrai apporter mon suffrage à madame Carole Delga et à ses colistiers, les 20 et 27 juin prochains.
Mes convictions m'avaient tout naturellement amené à la soutenir lors des élections Régionales de décembre 2015.
Ce vote, je l'ai fortement regretté lors du choix de la dénomination qui fut celle de la « grande » région issue de la fusion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées.
Le respect de l'Histoire, des deux cultures et plus simplement des populations regroupées dans une même entité, aurait nécessité que la dénomination Occitanie-Pays Catalan s'impose. La présidente de la Région se devait de défendre ce choix. Elle a préféré sous le prétexte d'un prétendu plus grand attrait, nier cette exigence d'équité.
Si le nom « Occitanie » qui a été retenu correspond à la réalité pour la majeure partie des territoires et des populations de la nouvelle Région, sa présidente aurait dû tout mettre en œuvre pour que le choix à faire, inclût sans exclure, protégeât sans discriminer.
Le Roi Pierre II d'Aragon auquel je faisais référence dans un billet récent de mon blog (latour-sur-blog.over-blog.com) a dû se retourner dans sa tombe, si la nouvelle lui est parvenue.... On rappellera qu'il était venu prêter main forte au Comte Raymond VI de Toulouse qui avait pris fait et cause pour les Cathares pourchassés et exterminés sur les terres occitanes par les troupes de Simon de Monfort.
A la tête de son armée, le Roi Pierre II d'Aragon franchit les Pyrénées et lors du siège de Muret, fut mortellement blessé le 12 septembre 1213. Pouvait-il imaginer que huit siècles plus tard on exclurait le « Pays Catalan » pour ne retenir que « l'Occitanie » qu'il était venu défendre jusqu'à en mourir !
Certains, pour défendre le choix fait par la tête de la Région, n'hésiteront pas à m'opposer le résultat de la consultation organisée sur l'ensemble de cette nouvelle entité. Mais, qui pourrait être surpris du fait que les terres occitanes largement majoritaires en nombre, aient choisi « Occitanie » ? Quel intérêt avaient ces populations à y adjoindre « Pays Catalan » ? On ne saurait le leur reprocher. Cette consultation constitua une duperie qui n'honore nullement ceux qui en ont été les initiateurs et qui ont souhaité s'abriter derrière une fiction.
Dans la mesure où le choix a été fait de nommer la Région en référence à l'Histoire, le devoir qui s'imposait était de respecter les deux identités qui désormais, allaient cohabiter dans ce nouvel espace. Cette consultation n'a été qu'un simulacre de nature à octroyer une apparence de légitimité démocratique à une décision parfaitement injuste. L'ancienne dénomination « Languedoc-Roussillon », d'une certaine façon, respectait cette pluralité. A l'inverse, le choix de la présidente sortante ne la respectait plus !
On n'insulte pas impunément l'Histoire, on ne passe pas par « pertes et profits » l'identité catalane et les populations qui s'en revendiquent. Quelques années auparavant, l'ancien président Georges Frêche en avait pris conscience et en avait tiré toutes les conséquences...
Après l'outrage fait à ces populations, nombre de villages des Pyrénées-Orientales ont apposé aux côtés du panneau d'entrée sur la commune, la mention « Pays Catalan ». Une façon de lutter contre le mépris et l'oubli...
Ancien maire d'un village, Latour-de-France, situé en Occitanie et dans lequel je réside, ayant pendant vingt ans exercé ma profession à Albi, terre occitane par excellence, j'aurais pu ne pas me sentir concerné par ce débat.
Agir ainsi, eût été accepter un choix qui exclue, qui stigmatise, en un mot, une injustice qu'à aucun moment, la présidente actuelle de la Région, n'a tenté d'éviter.
Cette réalité m'amène à sanctionner aujourd'hui par mon vote, celui qui avait été le mien il y a presque six ans et dont je pensais à tort, qu'il serait porteur d'unité pour deux peuples et deux cultures chers à mon cœur.
Le choix d'exclure la partie la plus faible arithmétiquement, disqualifie à mon sens son auteur.
Jean-José Colomès
Ancien Bâtonnier du Barreau d'Albi
Ancien Maire de Latour-de-France.