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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

La Plaisanterie

 

Ludvik étudiant et militant communiste envoie à une amie qu'il courtise une carte postale dans laquelle il écrit : « L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive Trotsky ! ».

Il le paiera très cher. Exclu du Parti Communiste Tchèque et de l'Université, il est engagé de force dans l'armée, avec les ennemis du régime socialiste.

Milan Kundera publie son roman « La Plaisanterie » en 1967, peu avant le printemps de Prague auquel, le 21 août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie mettront un terme en envahissant la Tchécoslovaquie.

C'est avec cet ouvrage, excellemment préfacé par Louis Aragon, que je découvris à la fin des années soixante une réalité qui marqua le début de mes interrogations sur la vraie nature du régime qui régnait « de l'autre coté du rideau de fer » selon l'expression consacrée dans ces années d'affrontement entre l'Est et l'Ouest.

La plaisanterie, c'est cette même expression qui m'est venue à l'esprit lorsque j'ai découvert la « vision » pour la paix israélo-palestinienne présentée par le Président des Etats-Unis le 28 janvier à la Maison Blanche, flanqué de son ami le Premier Ministre d'Israèl.

Un « plan de paix » qui risque ni plus ni moins de relancer les opérations militaires et dont la première conséquence a été de rapprocher le Hamas qui « administre » la bande de Gaza et le Fatha de Mahmoud Abbas le président de l'Autorité Palestinienne. De même, dès après la publication de l'information, ce dernier a annoncé l'arrêt de la coordination sécuritaire avec Israèl.

Monsieur Trump se sait tout puissant et est parfaitement habilité, pense-t-il, à se dispenser des palestiniens pour trancher leur avenir, décider unilatéralement de leur territoire, de leurs structures étatiques.

Il l'a dit en le présentant, il s'agit d'un plan « gagnant-gagnant » !

Qu'on en juge, un Etat privé de tous les territoires sur lesquels ont été installées des colonies israéliennes en violation avec le Droit International, une annexion définitive de la vallée du Jourdain, un Etat cerné de tous cotés par Israél, privé de la possibilité d'installer sa capitale à Jérusalem-Est, un Etat privé de tous les attributs élémentaires de souveraineté. Le retour aux frontières de 1967 à jamais enterré. Et l'on pourrait encore rallonger cette liste.

C'était plus qu'il n'en fallait pour redonner des ailes à Nétanyahou dont le gouvernement expédie actuellement les affaires courantes dans l'attente des législatives du 2 mars prochain. A se demander si le plan Trump-Nétanyahou n'a pas d'autre fin que de faire basculer dans le camp du Premier Ministre israélien les suffrages des religieux qui vont habituellement aux partis d'extrême droite.

En réalité, à travers ce « deal du siècle », Trump pense possible de faire coexister deux peuples, l'un disposant des droits dont jouissent les sujets d'un Etat reconnu par la communauté internationale, l'autre étant privé de ces mêmes droits.

Les palestiniens, s'ils l'acceptaient et voulaient accéder aux aides financières promises (une manne virtuelle de 50 milliards de dollars) devraient préalablement se soumettre aux tests dont Trump et Nétanyahou seraient les seuls juges !

Par l'intermédiaire du Quai d'Orsay, si la France s'est déclarée attachée à la solution à deux Etats, elle n'a pas manqué de souligner « les efforts du président Trump » et s'est engagée à étudier « avec attention le plan de paix ».


Langage diplomatique ? Réorientation de la position d'un des rares pays occidentaux, membre du Conseil de Sécurité, qui dans le passé s'est souvent retrouvé aux cotés des palestiniens ?

L'avenir le dira.

Si la communauté internationale venait à soutenir la machine de guerre montée par le tandem Trump-Nétanyahou, il en serait fini de l'espoir de voir un jour deux Etats, l'un juif, l'autre arabe, coexister pacifiquement comme cela en avait été décidé par l'ONU lors du vote du 29 novembre 1947. Il s'agissait alors du partage de la Palestine de façon à ce que deux peuples puissent vivre côte à côte, dans la Paix et la Sécurité.

Présentant le « plan de paix » élaboré par son gendre, Jared Kushner, Trump dans un élan compassionnel a indiqué qu'il devait faire « beaucoup pour les palestiniens ou ce serait injuste ». Bien sûr, il sera cru sur parole...

Peut-être, pensait-il à Milan Kundera lorsque, dans La Plaisanterie, l'auteur fait référence à « cette étrange liberté où n'existe ni honte, ni retenue, ni morale,... cette liberté ignoble où tout est permis ».

Finalement, un plan à l'image de ses auteurs.

 

 

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