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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

Déroutante Argentine.

 

Le dimanche 11 août, les électeurs argentins ont, une nouvelle fois, déjoué tous les pronostics.

C'est peu dire que l'histoire politique du pays n'est pas un long fleuve tranquille.

Rappelons-nous, le Président argentin Mauricio Macri a été confortablement élu pour un mandat de 4 ans, le 22 novembre 2015, succédant à Cristina Kirchner qui présida le pays de 2007 à 2015. Elle-même  avait succédé à son mari Nestor Kirchner, qui présida de mai 2003 à décembre 2007. Il décédait le 27 octobre 2010.

Ainsi, la droite entrepreneuriale succédait à la gauche péroniste. Quoi de plus normal dans une démocratie ?

Alors que Macri avait été élu sur la promesse d'un redressement économique, d'une baisse du chômage, d'une lutte sans répit contre la corruption, mal endémique des pays d'Amérique Latine en général et de l'Argentine en particulier, son bilan au terme de ce mandat est catastrophique.

Le tiers de la population du pays vit en dessous du seuil de pauvreté, les déficits sont astronomiques, l'endettement du pays est colossal.

En juin 2018, le F.M.I. dirigé par madame Lagarde qui vient d'être désignée pour succéder à Mario Draghi à la tête de la B.C.E., a accordé à l'Argentine le plus fort prêt jamais consenti par l'institution internationale soit, 57 milliards de dollars.

Ce prêt devait permettre à monsieur Macri de redresser la situation économique et sociale pour se présenter dans les meilleures conditions lors des élections présidentielles qui auront lieu en octobre prochain. Il devait notamment mettre un terme à la dévaluation continue du peso argentin, conséquence de la spéculation sur le dollar qui permet aux plus aisés de mettre leur « matelas » à l'abri des effets de la crise. Le risque de surendettement du pays avait peu compté.

Il n'en a rien été et la monnaie n'a cessé de chuter, la spéculation de progresser, la misère de s'étendre laminant après les couches populaires, les classes moyennes du pays. Alors qu'une nouvelle fois, le pays croule sous les dettes.

Le dimanche 11 août, a eu lieu un sondage grandeur nature à deux mois du scrutin. Une élection primaire opposait le tandem formé par le Président sortant et le péroniste de droite Miguel Angel Pichetto au ticket « des Fernandez », péronistes de gauche, composé d'Alberto Fernandez candidat à la présidence et de Cristina Kirchner née Fernandez candidate à la vice-présidence.

Paradoxalement, dans chaque camp, on se revendique de l'héritage du général Juan Péron. Celui-ci qui avait été influencé par le fascisme italien, a occupé de 1952 au 1er juillet 1974, date de son décès, la première place de la vie politique argentine. Militaire de formation, il fut à trois reprises Président du pays. Le péronisme a transcendé et continue à le faire, la vie politique de la nation.

Alors que les sondages donnaient le Président sortant légèrement favori, le résultat est tout à fait inattendu. Le tandem « des Fernandez » devance de 15 points le tandem Macri-Pichetto !

Le Président sortant n'a pas tardé à reconnaître sa défaite. Mais, comment aurait-il pu faire autrement ?

Dès la publication de ce résultat qui constitue un échec cinglant pour la droite du pays, la spéculation sur le peso argentin a connu une forte hausse alors que la Bourse chutait de 38 % !

Ce désordre financier risque de s'accroître dans les semaines à venir et pourrait constituer un argument de l'équipe au pouvoir pour tenter de renverser la vapeur avant le scrutin décisif.

Si, comme l'on peut s'y attendre et comme le prédisent les commentateurs de la vie politique, le vote d'octobre prochain confirmait le scrutin du 11 août, le tandem des « Fernandez » occupera la Casa Rosada, le palais présidentiel.

Déjà, la droite agite l'épouvantail du non remboursement par le pays de sa dette colossale à l'égard du FMI. Dans un précédent Billet (Christine Lagarde la bonne fée ? Billet du 1/09/2018) je m'étais ému de la largesse dont madame Lagarde a fait preuve à l'égard de l'équipe sortante et des risques d'un défaut de paiement du pays.

Les dénégations du candidat Alberto Fernandez qui assure que lui Président, la dette sera remboursée, suffiront-elles pour que le pays ne cède pas à la panique ? Un vote fondé sur la peur pourrait être la dernière carte de l'équipe Macri, pour se maintenir au pouvoir malgré le très fort mécontentement que sa politique a suscité dans le pays.

Si la logique du scrutin du 11 août est respectée, l'ancienne Présidente Cristina Kirchner impliquée dans 11 dossiers actuellement aux mains de la Justice, s'installera dans le fauteuil de la vice-présidence, même si, manifestement, elle aurait pu espérer mieux.

Rappelons-le, en Argentine comme dans notre douce France, la présomption d'innocence doit, dans tous les cas, prévaloir. Chez nous, dans un passé encore très récent, certains Présidents en ont bénéficié....

Notons enfin que si notre système ne connait pas la fonction de Vice-Président, en Argentine, le poste de Premier Ministre n'existe pas.

 

Déroutante Argentine ? Certes, mais indomptable peuple argentin qui, à l'image des Pumas, l'équipe nationale de rugby, ne s'avoue jamais vaincu. Entre deux crises, il trouve encore l'énergie suffisante pour manifester sa colère contre l'injustice, y compris dans les urnes.

 

Alberto Fernandez, candidat à la Présidentielle d'octobre 2019

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