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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

De reniements en reniements ou l'odyssée à hauts risques de Manuel VALLS.

 

Cervantès avait lancé Don Quijote de la Mancha, juché sur sa Rossinante et flanqué de son fidèle Sancho Panza à la conquête des moulins à vent. Nous étions au tout début du XVIIème siècle.

Voilà que plus de quatre siècles plus tard, un autre hidalgo se lance à la conquête des châteaux en Espagne.

Durant l'été 2018 Manuel Valls, puisque c'est de lui dont il sera question, rencontre la riche héritière de l'industrie pharmaceutique Susana Gallardo. Il conquiert son cœur et, dans la foulée, le 25 septembre suivant, il annonce sa candidature à la mairie de Barcelona.

Quel chemin parcouru par celui qui, né dans cette ville en Août 1962, avait obtenu vingt ans plus tard, la nationalité française par naturalisation. Mais en même temps, que de reniements de la part de l'ancien conseiller de Michel Rocard !

Et pourtant, le chemin emprunté par l'ancien socialiste, faillit le mener à la magistrature suprême.

Qu'on en juge : Maire d'Evry de mars 2001 à mai 2012, après l'élection de Hollande à la présidence de la République, il est nommé Ministre de l'Intérieur le 16 mai 2012 jusqu'au 31 mars 2014. A cette date, le Président le nomme Premier Ministre. Il restera en place jusqu'au 6 décembre 2016, le temps de concourir à la primaire socialiste pour être candidat aux élections présidentielles de mai 2017.

Son passage à Matignon aura laissé des traces profondes : il recourt à l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi Travail. Il présente début 2016 un projet de loi portant sur la Déchéance de la Nationalité qui sera très controversé. La Ministre de la Justice, Garde des Sceaux,  Christiane Taubira démissionne le 27 janvier 2016 évoquant un « désaccord politique majeur ». Finalement, le Président François Hollande, décide le 30 mars 2016 du retrait du texte. Durant cette période, une « fronde » s'organise parmi les députés socialistes. Les frondeurs en sont arrivés à vouloir déposer contre le gouvernement Valls, une motion de censure que la droite s'apprêtait à voter. Il s'en fallut de très peu puisque 56 signatures furent réunies pour le dépôt de cette motion alors qu'il en fallait 58.

Le 29 janvier 2017, Manuel Valls est battu par Benoît Hamon au second tour de la primaire socialiste. Il se refusera à soutenir le candidat socialiste et n'hésitera pas à l'accuser entre les deux tours, de proximité avec l'islamisme radical. Au cours de la campagne, Valls se déclare prêt à travailler avec le candidat de la droite la plus conservatrice, François Fillon, pour le cas où celui-ci remporterait la présidentielle.

Emmanuel Macron élu, Manuel Valls se présente aux législatives à Evry avec le soutien de La République en Marche. Il est élu député le 18 juin 2017 d'extrême justesse, avec 50,3 % des suffrages exprimés.

Un peu plus d'un an après, il abandonne ses électeurs, ses collègues députés, et le 2 octobre 2018, il présente sa démission à l'Assemblée Nationale.

Celui qui convoitait la Présidence de la République Française pouvait dès lors, plonger de plain-pied dans la politique espagnole et partait à la conquête de Barcelona.

 

En Espagne, les choses bougent. Le 1er octobre 2017, en Catalogne, une consultation a été organisée au cours de laquelle la population était amenée à se prononcer sur l'indépendance du pays catalan. Une féroce répression a émaillé cette consultation, la Guardia Civil aux ordres du gouvernement Rajoy ayant blessé plus de 800 personnes. A la suite de la déclaration d'indépendance prononcée le 27 octobre 2017 par le Parlement Catalan, les dirigeants indépendantistes étaient incarcérés sous l'accusation de rébellion, le Président de la Generalitat contraint de s'exiler en Belgique. Le 12 Février s'ouvre à Madrid le procès des douze dirigeants indépendantistes dont, à l'heure actuelle, neuf restent incarcérés, certains depuis plus d'un an. Le Parquet espagnol a fait savoir qu'il sollicitera à leur encontre, une peine de 25 ans de prison.

On aurait pu s'attendre, de la part d'un ancien haut responsable socialiste, que Manuel Valls proteste contre la violation par l'Etat espagnol de principes aussi élémentaires que la présomption d'innocence, le respect du droit des personnes à s'exprimer sur leur devenir, qu'il s'élève contre le déchaînement de violences contre les électeurs de la part des forces de l'ordre.

Il n'en a rien été. Bien au contraire, Valls part à la conquête de Barcelona avec le soutien de la formation unioniste Ciudadanos, qui a reproché au Parti Populaire et à son Président Mariano Rajoy de n'avoir pas suffisamment réprimé le mouvement indépendantiste.

Bien plus, ce Dimanche 10 février, Manuel Valls défilait dans les rues de Madrid pour « l'unité de l'Espagne », manifestation organisée par la formation Ciudadanos et le Parti Populaire fondé par Manuel Fraga, l'ancien Ministre de Franco. Le parti d'extrême droite Vox apportait son soutien.

Dans la foule qui manifestait, nombre de nostalgiques du franquisme qui pensent que l'heure de la revanche a sonné.

En Andalousie, pour la première fois depuis 40 ans, les socialistes ont cédé le pouvoir à un gouvernement réunissant Ciudadanos et le Parti Populaire et qui est soutenu par la formation d'extrême droite Vox. Celle-ci a réuni 10,96 % des voix lors du scrutin régional du 2 décembre dernier et obtenu l'élection de 12 députés au Parlement andalou.

Les formations (Socialistes, Podemos, indépendantistes catalans, nationalistes basques du PNV) qui ont permis au socialiste Pedro Sanchez de renverser le gouvernement Rajoy et de prendre sa succession, ont un impérieux devoir de rester unies. Ce qui se joue aujourd'hui en Espagne, au-delà de l'indépendance demandée par la majorité des catalans, c'est l'avenir de la démocratie.

Ces formations ont une obligation de résultat.

Si aucun accord n'est trouvé pour permettre l'adoption du budget 2019 entre les formations qui ont mis le gouvernement Rajoy en minorité, la droite espagnole reviendra aux affaires avec pour alliée, l'extrême droite prête à ressusciter le franquisme. Un retour en arrière de 80 ans dans l'histoire du pays.

 

En Catalogne, nous célébrons ces jours-ci le quatre vingtième anniversaire de la Retirada. Cet anniversaire pourrait alors coïncider avec le naufrage démocratique de ce grand pays, membre de l'Union Européenne, qui a versé beaucoup de son sang pour tenter d'échapper aux griffes du tyran.

Le procès des douze dirigeants catalans s'ouvre à Madrid, le jour où j'écris ces lignes. Neuf sur les douze, sont incarcérés depuis de longs mois d'abord dans la région madrilène, puis, depuis l'arrivée de Sanchez à la tête du gouvernement, en Catalogne. Les débats sont prévus pour durer 3 mois. Le risque est grand de voir à quelques jours des élections européennes, la Catalogne à nouveau déchirée et ensanglantée.

Durant la guerre civile espagnole, une affiche avait été apposée sur laquelle figurait le faisceau de la Phalange .

Cette affiche disait : « Con el triunfo de los ejercitos la unidad de las Tierras de España ».(Avec le triomphe des forces armées, l'unité des Terres d'Espagne).

Il semblerait que l'ancien Premier Ministre français n'ait tiré aucun enseignement de cette page douloureuse du pays qui l'a vu naître.

 

 

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