16 Avril 2018
Mon souvenir remonte à Mai 1988.
Nous sommes dans l'entre deux tours de la présidentielle opposant le Président sortant François Mitterand à son Premier Ministre Jacques Chirac.
Ce soir là, je ne verrai pas le débat télévisé qui les opposa car j'étais tout près de la place de la République au théâtre Dejazet où se produisait Léo Ferré.
Dans les jours précédents, Madona avait donné un grand spectacle au Parc de Sceaux me semble-t-il. Outre la présence de Jacques Chirac, j'ai retenu qu'au cours du spectacle, Madona avait retiré sa culotte et l'avait envoyée dans la foule.
Sitôt sur scène, Léo entonna « Ils ont voté... et puis, après ? ».
A la fin de sa chanson, il fit mine de retirer son pantalon et de le jeter dans la salle.
Ce fut une ovation qui ne se démentit pas tout au long du spectacle.
Je ne regrettais pas d'avoir délaissé l'espace d'une soirée mon héros François Mitterand pour Léo.
Que de chemin ai-je parcouru pour en arriver à soutenir Emmanuel Macron 30 années plus tard ! Certains penseront sans oser me le dire, quelle décrépitude...
J'ai repensé à cela hier au soir en sacrifiant comme presque 4 millions de français au bilan d'une année de réformes sur BFM TV.
Si dès Novembre 2016 j'ai cru en la possibilité de la victoire de notre Président, je n'imaginais pas l'alignement des planètes qui allait concourir à cette élection.
J'avoue d'ailleurs que certaines réformes réalisées ou en cours me chatouillent un peu.
Il en a été ainsi de la réforme de l'ISF. Je ne suis pas, malgré mes efforts, parvenu à saisir très précisément l'utilité d 'un tel « cadeau » aux plus aisés.
Je ne suis d'ailleurs pas le seul puisque hier au soir, notre Président concédait au "grand inquisiteur" Edwy Plenel, qu'il n'avait lui-même aucune certitude quant aux effets positifs concernant le réinvestissement des sommes ainsi économisées dans l'activité du pays.
Il en est de même du projet Asile-Immigration qui sera examiné demain devant l'Assemblée Nationale.
Le constat du Président me paraît juste : on ne peut accueillir toute la misère du monde alors que les phénomènes migratoires ne vont pas cesser pour les raisons exposées lors de l'émission et que j'avais déjà évoquées dans un précédent Billet.
Mais, dans le même temps, placer des mineurs certes accompagnés de leur famille, dans un centre de rétention, me pose problème.
N'y aurait-il pas moyen d'éviter ces situations, par exemple par une assignation à résidence de la famille du mineur en un lieu autre, jusqu'à la reconduction à la frontière ?
Plus fondamentalement, ce qui me frappe est la dose de brutalité qui, à l'heure actuelle, accompagne les revendications portées par des syndicats, des associations ou de simples particuliers.
Le recours à l'action violente, voire insurrectionnelle, me paraît s'être substitué à ce qu'on avait coutume d'appeler le « troisième tour social ».
Ainsi, alors qu'après une quinzaine d'années d'hésitations et de dérobades, nos " courageux" gouvernants précédents n'avaient pas osé trancher le projet de Notre Dame des Landes, les occupants illégaux des terres situées sur le périmètre concerné, n'entendent pas être délogés et n'hésitent pas à recourir à la violence à l'encontre des forces chargées de rétablir l'ordre républicain.
A la faculté de Droit de Montpellier, chère à mon cœur depuis déjà un demi-siècle, un groupe d'étudiants qui tenait une réunion, se voit chassé à coups de barres et de bâtons par un groupe d'extrême droite qui bénéficiait, semble-t-il, de la complicité sinon de l'appui de professeurs et du Doyen !
Et que dire du conflit à la SNCF où les syndicats ont décidé de prendre en otage les millions de travailleurs qui utilisent le train comme moyen de déplacement quotidien à travers une grève par intermittence, considérant qu'avec 50 milliards de dettes cumulées, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Si, les usagers à travers les tarifs, l'Etat à travers le remboursement d'une dette colossale, doivent prendre leur part du redressement, il n'est pas question pour eux de toucher au statut qui aurait un caractère sacré.
L'air du temps voudrait que ce que l'on n'a pu obtenir dans les urnes, on l'impose par des actions violentes que l'on habille du joli nom de « revendications démocratiques ».
Je ne sais si au printemps 2022, à l'heure du bilan, Emmanuel Macron sera parvenu à rendre notre économie plus forte et plus compétitive, à faire reculer sensiblement le chômage, à améliorer la situation de chacun d'entre nous, à rassembler les français, en un mot, à ce qu'on vive mieux.
C'est alors que chacun pourra tirer les conséquences de l'état du pays.
Permettre au Président de mettre en œuvre la politique exposée tant lors du débat de la présidentielle que lors des législatives, permettre à l'opposition de jouer pleinement son rôle de critique et de contre-proposition, n'a rien à voir avec le climat de violence que certains tentent d'installer dans le pays.
Tout ceci me paraît totalement étranger à la vie démocratique.
Dans la chanson qui ouvrait son récital, Léo Ferré disait:
« La moitié d'un cul à botter ?
En ces temps on ne voit pas lerche...
Ils n'ont même plus de cul les français ! »
Alors, plutôt que de se faire botter le « cul » jusqu'à en perdre la moitié,
travaillons à combattre l'abstention, véritable fléau de nos démocraties
et respectons le verdict des urnes.
La revanche, pour ceux qui la souhaiteront, c'est dans quatre ans !