22 Décembre 2017
Les résultats des élections au Parlement Catalan nous sont parvenus tard dans la nuit.
On savait que le scrutin serait serré mais l'enjeu était de taille puisque le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, en dissolvant le Parlement et en organisant de nouvelles élections, avait un objectif principal : briser les indépendantistes.
Pour parvenir à ses fins, il n'avait reculé devant rien.
Le 1er Octobre, la Guardia Civil aux ordres du gouvernement espagnol avait brutalement réprimé les électeurs se rendant dans les bureaux de vote.
Le président de la Generalitat avait été contraint de s'exiler à Bruxelles pour échapper à son arrestation, les responsables des deux associations indépendantistes, « les deux Jordi » ainsi qu' Oriol Junqueras vice-président et plusieurs autres ministres avaient été incarcérés à Madrid et le restent à ce jour.
Enfin, la Catalogne avait été mise sous la tutelle du pouvoir central.
Pour Rajoy, tout était en place pour administrer à ces catalans rebelles une leçon qu'ils n'oublieraient pas de sitôt, d'autant qu'il s'était fortement impliqué dans la campagne.
C'est un euphémisme de dire que les résultats de ce matin ne sont pas tout à fait à la hauteur de ses attentes !
Les trois formations indépendantistes (Junts per Catalunya, Esquerra Republicana Catalana, la C.U.P.) remportent la majorité absolue des sièges au Parlement....... même si Ciudadanos (formation anti-indépendantiste de Centre Droit) a recueilli le plus de suffrages et si les formations indépendantistes recueillent 48 % des suffrages et ne franchissent pas la barre des 50 %.
Le prochain gouvernement catalan devra, en tout état de cause, refléter une alliance de plusieurs partis indépendantistes ou unionistes.
On voit mal, dans le contexte actuel, comment une alliance « tranversale » pourrait voir le jour.
La logique voudrait que les trois partis qui, avant le « coup d'Etat » de Rajoy, constituaient la majorité gouvernementale, s'accordent pour former la nouvelle coalition.
Les prochains jours ou prochaines semaines, devraient nous éclairer.
Toutefois, ce résultat qui, pour le Parti Populaire au pouvoir à Madrid et pour son chef Mariano Rajoy est le plus grand camouflet qui leur ait été infligé, implique que les détenus de la maison d'arrêt d'Estremera (Madrid) soient immédiatement libérés, que les poursuites engagées à l'encontre des indépendantistes soient abandonnées et que l'ancien président Carles Puigdemont puisse rentrer à Barceloone afin d'engager les discussions préalables à la constitution du prochain gouvernement.
Pour le cas où, comme on peut le craindre, Rajoy persisterait dans ses errements et son aveuglement, l'Europe se doit d'assumer ses responsabilités, afin de lui rappeller que sa fonction implique le respect de certains principes.....
C'est à ce prix que le dialogue qui n'aurait jamais dû cesser, sera rétabli entre « les deux espagnes ».
Jean-José Colomès.