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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

La France au secours de Netanyahu.

 

Comme si à 48 heures d'une grève qui s'annonçait puissante et susceptible de durer, il n'y avait rien de plus urgent, que d'examiner une résolution déposée par le député LRM Sylvain Maillard, qui tend à assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme !

C'est donc à une faible majorité (154 en faveur, 72 contre et 43 abstentions) que l'Assemblée Nationale a adopté le mardi 3 décembre le texte non contraignant qui lui était soumis. Vingt-six députés LRM ont voté contre alors que vingt-deux autres s'abstenaient.

L'appel de 127 intellectuels juifs du monde entier publié dans le journal Le Monde, n'aura donc pas suffi à réunir une majorité de députés pour rejeter ce projet. Dommage !

Le texte adopté est dangereux dans la mesure où la critique de la politique menée à l'heure actuelle par l'équipe Netanyahu en matière de colonisation des territoires palestiniens, est susceptible d'être considérée comme une manifestation d'antisémitisme et en conséquence, relever de la législation qui, à juste titre, réprime toutes les formes de racisme, de xénophobie ainsi que les actes et propos antisémites.

Rappelons qu'en février dernier, le Président Macron s'était dit favorable à l'adoption de la définition de l'antisémitisme telle que formulée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA). Celle-ci inclut « les manifestations de haine à l'égard de l'Etat d'Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme collectivité juive ». Ses troupes lui ont donc emboité le pas.

La prise de position du Président de la République était consécutive à l'agression dont le philosophe Alain Finkielkraut avait été victime le 16 février dernier devant son domicile, de la part d'un « gilet jaune » qui l'ayant reconnu, avait lancé : « Barre toi sioniste de merde... Rentre chez toi en Israël ».

Dans un Billet du 1er mars dernier ( Des « gilets jaunes » à Benjamin Netanyahu, cherchez l'erreur !) je soulignais que la loi du 13 juillet 1990 visant à réprimer tout acte de racisme, d' antisémitisme et de xénophobie permettait de sanctionner un tel comportement.

Tel fut d'ailleurs le cas, puisque l'auteur de ces paroles fut condamné en juillet dernier pour propos antisémites à deux mois de prison avec sursis.

Dans ce Billet, j'évoquais également les conditions dans lesquelles le sionisme est apparu en Russie à la fin du XIX ième siècle ainsi que la résolution de l'Assemblée Générale des Nations-Unies du 29 novembre 1947, partageant la Palestine et prévoyant la création d'un Etat juif et d'un Etat arabe. C'était il y a 72 ans... Inutile de rechercher sur une carte l'Etat Palestinien.

Les universitaires juifs qui ont signé l'appel à ne pas soutenir une proposition de résolution qui assimile l'antisionisme à l'antisémitisme se fondent sur deux arguments.

- En premier lieu, ils relèvent que l'exposé des motifs de la résolution désigne Israël comme « une collectivité composée de citoyens juifs » ce qui ne correspond nullement à la réalité. En effet, 20 % environ de la population de cet Etat sont des citoyens palestiniens, pour la plupart musulmans ou chrétiens. Les signataires poursuivent : « La désignation choisie occulte et nie leur existence ».

L'antisionisme est, selon les auteurs, « un point de vue légitime dans l'histoire juive et il a une longue tradition, y compris en Israël ».

Comment stigmatiser en les taxant d'antisémites les palestiniens, alors même que depuis des dizaines d'années ils subissent la dépossession, le déplacement, l'occupation et les inégalités structurelles !

Comment ne pas être antisioniste quand Israël, violant la loi internationale, nie aujourd'hui, le droit de la Palestine à exister !

- En second lieu, les signataires de l'appel rappellent que dans notre pays existe une législation permettant de lutter efficacement contre l'antisémitisme, à le poursuivre et le faire sanctionner devant les tribunaux.

Comme le font les auteurs du texte, il est légitime de se demander pour quelle raison ces initiatives interviennent. Leur réponse est sans ambiguité : « Nous ne pouvons pas considérer cela comme indépendant de l'agenda politique principal du gouvernement israélien visant à enraciner son occupation et son annexion de la Palestine et à faire taire toute critique à l'égard de cet agenda ».

Netanyahu, grand défenseur de l'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme, n'a pu remporter les élections législatives du 17 septembre dernier et n'est pas parvenu à constituer une nouvelle majorité. Son opposant principal de centre droit, Benny Gantz, n'y étant pas parvenu d'avantage, « Bibi » se maintient au pouvoir... en attendant de nouvelles élections ?

Son inculpation récente pour abus de confiance et corruption qu'il a dénoncée en faisant référence à un « coup d'Etat », révèle l'importance de l'enjeu qui est le sien pour se maintenir au pouvoir et retarder ainsi les poursuites judiciaires à son encontre.

En transférant l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, son allié Donald Trump a tourné le dos à toute intiative permettant d'avancer dans le règlement du conflit israélo-palestinien.

Cette situation convient parfaitement au Premier Ministre israélien qui entend poursuivre la colonisation des territoires occupés et a déclaré peu avant le scrutin législatif du 17 septembre, que s'il était réélu, Israël annexera le tiers de la Cisjordanie, provoquant un tollé de la communauté internationale... à l'exclusion de Washington.

La résolution votée le 3 décembre par l'Assemblée Nationale ne peut que conforter Nétanyahu dans ses visées hégémoniques et expansionnistes.

Face à cette malheureuse initiative qui trouve son origine dans les déclarations du Président Macron, j'accorderai ma préférence aux signataires de l'appel des universitaires juifs pour qui, « l'antisémitisme doit être combattu sur des bases universelles, au même titre que d'autres formes de racisme et de xénophobie, pour lutter contre la haine ».

Je réitère mon propos du 1er mars dernier :

Assimiler antisionisme à antisémitisme constitue un contresens ainsi qu'une atteinte à la Liberté d'opinion et d'expression.

 

 

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