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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

Lever un coin du voile.

 

N'allez pas croire que la scène se déroule à Saint-Denis au pied de la cathédrale où furent enterrés les rois de France. Non, depuis plus d'un mois elle se répète quotidiennement à Téhéran et sur l'ensemble du territoire iranien. Et ce retrait du voile a déjà couté la vie à plus de deux cents manifestants, la plupart des jeunes gens qui tentent de « venir à bout d'un régime qui se voile de noir pour dire son refus de la vie, son refus de la jeunesse et son pacte avec la mort » comme l'écrit magnifiquement Jacques Julliard dans l'Edito de Marianne du 13 au 19 octobre.

Depuis l'instauration de la république Islamique, l'Iran n'en est pas à son coup d'essai. En 2009, alors que le conservateur Mahmoud Ahmadinedjad (2005-2013) venait d'être réélu dès le premier tour face au réformateur Hossein Moussavi, des manifestations contre « la fraude électorale » furent violemment réprimées sous le regard bienveillant du Guide suprême l'Ayatollah Ali Kamenei.

Si sous la présidence d'Hassan Rohani, l'Iran est parvenu à sortir partiellement de son isolement en concluant un accord en 2015 permettant à l'AIEA de contrôler le nucléaire iranien avec pour contrepartie, la levée des sanctions économiques prises par la communauté internationale, ces avancées ont été remises en cause avec l'accession de Trump à la présidence des Etats-Unis et la dénonciation du pacte signé ainsi que l'adoption de nouvelles sanctions qui ont replongé l'Iran dans l'isolement et la pauvreté.

Avec la répression massive de nouvelles manifestations fin 2019, la population iranienne prit conscience de l'impossibilité de parvenir à réformer de l'intérieur le régime. C'est à partir de là que la contestation a visé les institutions à savoir la République islamique d'Iran ainsi que la personne du Guide suprême de la Révolution. La répression fut féroce puisque l'on compta aux alentours de 1500 morts.

Un voile mal porté laissant dépasser une « mèche de cheveux » a coûté la vie, le 16 septembre dernier, à la jeune Mahsa Amini. En un mois, la protestation initiée par les jeunes femmes a touché toutes les couches de la société, toutes les générations, l'ensemble du territoire. Une fois de plus, la réponse des autorités se résume en une répression aveugle puisqu'à ce jour, on compte plus de 220 tués essentiellement des jeunes filles puisant dans leur courage et allant jusqu'à ôter leur voile et le jeter dans les flammes d'un brasier en signe de défi au pouvoir. Dans cette répression, les régions kurdes n'ont pas été épargnées et paient un lourd tribut.

Après un mois d'une contestation sans leader, on peut s'interroger sur l'issue de ce mouvement qualifié par certains , « d'épisode révolutionnaire ». C'est le cas du sociologue irano-américain Asef Bayat qui écrit : « La femme, sa dignité et de manière plus générale la dignité humaine, sont au centre de ce qui rend ce mouvement révolutionnaire, exceptionnel ».

Une jeune avocate iranienne donne de Téhéran son analyse sur la situation actuelle : « La peur est bien présente mais, en fait, nos souffrances causées par toutes ces années d'injustice, sont enfin devenues plus fortes que la peur ».

A plus de 5000 kms de Téhéran, un mois après le décès de la jeune Masaha Amini à l'issue de sa garde à vue, la France s'est souvenue que le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine, un enseignant à été assassiné par les inquisiteurs islamistes qui lui ont refusé de dispenser à ses élèves l'essence même de sa profession : informer, éduquer, éveiller leur sens critique. Ces nouveaux ayatollahs, en l'espèce un russe d'origine tchétchène répondant au nom d'Anzorov, ne luttent pas pour promouvoir l'islam composante parmi d'autres de notre société, mais pour hisser cette religion au-dessus des lois de la République.

Cette lutte passe par l'imposition du port du voile et la revendication de nombre de jeunes collégiennes ou lycéennes de confession musulmane, de porter la abaya ou le hidjab à l'école, au collège ou au lycée. Pour ces jeunes filles, le port de cette tenue se justifierait par la « tradition » et la « pudeur ». Chez les enseignants, on constate depuis la rentrée de septembre que le port de la abaya touche beaucoup d'établissements, lycées ou collèges, tant en zone rurale que dans les villes. Une manière de braver la loi de 2004 sur la laïcité à l'école.

Cette loi a modifié le code de l'éducation en y introduisant un article L 141-5-1 ainsi libellé : « Dans les écoles, les collèges et les lycées Publics, le port de signes, de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ».

Bien sûr, l'enseignant ou le chef d'établissement qui intervient auprès d'une élève pour faire respecter cette disposition de la loi de la République et s'oppose à son entrée, court le risque de se voir imputer un comportement « islamophobe » y compris par certains de ses collègues...

Dans deux établissements des incidents sont intervenus début octobre ayant donné lieu à procédure judiciaire. Dans un lycée du Haut-Rhin, un enseignant a subi des menaces de mort de la part de l'oncle de l'une de ses élèves après avoir abordé en classe la liberté d'expression, les caricatures de Mahomet et Charlie Hebdo. Dans l'Essonne, un enseignant d'histoire-géographie a été placé sous protection policière alors que son établissement a reçu une lettre anonyme à caractère antisémite le menaçant de lui faire subir le même sort que celui de Samuel Paty.

Pour conclure ce billet, je reprendrai la conclusion de l'Edito de Jacques Julliard qui, concernant cette liberté de porter le voile que nos jeunes musulmanes sont toujours plus nombreuses à revendiquer alors que leurs sœurs iraniennes meurent pour avoir revendiqué leur droit de s'en débarrasser écrit :

« Non, nulle part, une obligation vestimentaire, fût-elle librement acceptée, ne sera symbole de liberté ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J
200 morts ????
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