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Mes réactions à l'actualité politique intérieure et internationale, sociétale, sociale .... .... Avec légèreté, chaque fois que je le peux ! Je fais mienne la formule de Philippe Meyer (Mammifère omnivore) "Nous vivons une époque moderne !"

Et maintenant... ?

 

Si le président sorti des urnes ce dimanche 24 avril entend se distinguer de celui qui avait été élu le 7 mai 2017, il ne suffira pas de s'en tenir aux doctes déclarations de l'entre-deux tours. Entre-autres, celles sur l'âge de départ à la retraite, l'évolution des salaires, la protection du pouvoir d'achat des français . S'est également invitée dans la discussion, la nécessité d'un resserrement de l'échelle des salaires, sujet mis à l'ordre du jour par la révélation de la rémunération du PDG du groupe Stellantis issu de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler. Pour l'année 2021, Carlos Tavares, c'est de lui qu'il s'agit, a perçu une rémunération s'élevant à 19 millions d'euros ! Vous avez dit inégalités ?

L'expérience du quinquennat qui s'achève est jonchée de déclarations qui n'ont pas été suivies d'effets ou l'ont été très imparfaitement. Il en a été ainsi de la mission confiée en novembre 2017 à Jean-Louis Borloo et portant sur les quartiers prioritaires. Le travail a été mené avec les élus et les associations de terrain. Il a abouti à la rédaction de 19 « programmes thématiques » exposés dans un rapport remis au Premier ministre le 26 avril 2018. Le 22 mai suivant, Emmanuel Macron a enterré l'idée d'un plan pour les banlieues et dénigré le rapport remis, infligeant une véritable humiliation à J.L. Borloo qu'il avait chargé quelques mois avant, de cette délicate mission. Tant pis pour la jambe gauche du président !

L'épisode des « gilets jaunes » avait débouché sur le « Grand débat » instauré par le président. A son issue, seize mille cahiers de doléances manuscrits devaient être dépouillés, ainsi que les comptes rendus de dix mille réunions locales. Parmi les mesures phares réclamées, apparaissait en bonne place, le rétablissement de l'ISF. Il faut, à la fin du quinquennat, constater qu'il n'a été tenu aucun compte de cette demande des français. On se souvient qu'au début de son mandat, le président de la République avait diminué de cinq euros l'allocation logement, mesure frappant les plus faibles alors qu'en janvier 2018, l'Impôt sur la fortune (ISF) était supprimé pour être remplacé par l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) privant ainsi l'Etat, de plusieurs milliards de recettes. C'est à partir de là qu'on parla d'un « président des riches » étiquette qu'il traîna tout au long du mandat.

Concernant les initiatives ayant suscité une grande frustration, on citera également la « Convention sur le climat ». Cent cinquante citoyens ont été tirés au sort. Leur travail devait symboliser l'acte II du quinquennat c'est-à-dire, une ambition écologique et l'expression d'une démocratie directe. Emmanuel Macron, lors de la mise en place de la convention en avril 2019, avait déclaré : « Ce qui sortira de cette convention, je m'y engage, sera soumis sans filtre au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application règlementaire ». Après 9 mois de travail et 149 propositions formulées, la déception fut grande de voir que seulement 10 % d'entre-elles avaient été reprises par le gouvernement. Le filtre avait parfaitement fonctionné !

C'est dans ce contexte qu'en décembre 2021, le Tribunal Administratif de Paris jugeait l'Etat français « responsable » de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon les magistrats, l'Etat « n'a pas respecté ses engagements dans le cadre du premier budget carbone ». L'Etat a été condamné à réparer le préjudice causé par le non-respect de ses engagements et il lui a été donné 14 mois pour agir.

Après ce constat, il est légitime de s'interroger sur ce qui pourrait advenir durant les cinq prochaines années. Une évidence, le président de la République devra faire avec l'Assemblée qui sortira des urnes lors des scrutins législatifs des 12 et 19 juin prochains.

Il ressort de l'examen des résultats du premier tour de la présidentielle, que l'électorat se répartit en quatre quarts d'importance à peu près identique : le camp des abstentionnistes, le centre qui vient de réélire Macron, la gauche et l'extrême droite. A chacune de ces fractions correspond une réalité bien spécifique et l'on ne peut imaginer pouvoir gouverner le pays en s'appuyant seulement sur le quart de la population. Toute la difficulté résidera à prendre en compte les attentes des uns et des autres et de parvenir à une synthèse acceptable.

Dès lors, rien n'assure Emmanuel Macron de disposer au soir du second tour des prochaines élections, d'une majorité à l'Assemblée Nationale. Ou plus précisément, de pouvoir gouverner la France, comme il l'a fait au cours de son premier mandat, sur le « et de droite et de gauche » qui a constitué la version politique du « en même temps » dont on a pu également, mesurer les limites.

Dans cet entre-deux tours, on a parlé recompositions, nouvelles alliances qui ne vont pas tarder à prendre corps en vue des scrutins de juin prochain. Jean-Luc Mélenchon arrivé troisième à l'issue du premier tour a demandé le 19 avril à ses soutiens et plus particulièrement à l'ensemble des forces de gauche, de l'élire lors du scrutin législatif prochain, au poste de Premier ministre du pays. Ce faisant, il a décidé d'enjamber le second tour de l'élection présidentielle comme si celle-ci ne pouvait avoir aucune conséquence sur la politique à venir.. Il entend contraindre le président élu, quel qu'il soit, à une cohabitation dont on a pu mesurer, par le passé, les difficultés qui en ont résulté.

On peut penser que le Parti socialiste qui, depuis des années, a réalisé son « Bade Godesberg » (par référence au congrès de 1959 au cours duquel le Parti social démocrate allemand abandonna les références d'inspiration marxiste et affirma la reconnaissance de l'économie de marché), réfléchira à deux fois avant de jeter aux orties les quarante dernières années de son histoire, certes parsemées d'échecs mais également de victoires qui ont permis au pays de grandes avancées sociales et sociétales. On imagine difficilement qu'il aille d'un seul élan, se jeter dans les bras de celui qui en 2010 déclarait être « le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas ». Seule manquait la modestie !

Concernant le président réélu, il lui appartient de tirer les conséquences des cinq dernières années. Certes en s'appuyant sur ce qui a été réussi comme la baisse significative du chômage, la place de la France en Europe, une politique internationale exigeante, une bonne gestion des conséquences de la crise sanitaire. Mais il devra aussi se défaire de cette « verticalité » qui lui a si souvent et à juste titre été reprochée. De même, il devra très vite, intégrer dans son action les graves manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique, la nécessité de mieux protéger les français qui ont vu dans la dernière période, avec la forte hausse des énergies fossiles, leur pouvoir d'achat baisser significativement. Emmanuel Macron est attendu sur le concret, pas sur les envolées lyriques ou les promesses sans lendemain qui ont trop souvent ponctué son premier quinquennat.

La situation née de la pandémie vécue depuis plus de deux ans ainsi que celle issue des conséquences sur notre quotidien des conflits internationaux, ont montré combien l'attente est grande et ne peut être déçue lors de ce qui constituera le dernier mandat de l'actuel président. Il en va de la paix sociale, de l'impérieuse nécessité de renouer le lien aujourd'hui profondément distendu entre le pays et sa classe dirigeante. C'est désormais la tache à laquelle Emmanuel Macron doit impérativement s'atteler. Avec ce second mandat, il a, comme on dit chez les juristes, souscrit une obligation de résultat.

 

 

 

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