13 Octobre 2019
À plus de 10 000 kilomètres de la mère patrie, le hasard a voulu que plusieurs événements se télescopent et m'amènent à m'interroger sur la portée de certaines paroles, de certains comportements.
.Alors que je me trouvais à Hiroshima, deux faits ont marqué l'actualité internationale pour l'un, franco-française pour le second.
Du haut de la tribune de l'ONU, s'adressant aux chefs d'Etat et de Gouvernement de la planète, la jeune suédoise, produit surfait de la média-sphère, qui a failli obtenir le Prix Nobel de la Paix, leur a jeté à la figure, « Vous avez volé ma jeunesse, mes rêves ».
Quelques jours plus tard, les « gilets jaunes » on tenté une quarante-cinquième édition de manifestations, émaillée une nouvelle fois, de violences, de destructions et d'insultes adressées au Chef de l'Etat.
Nul n'ignore ce qui se produisit le 6 août 1945 à Hiroshima. Pour la première fois, une bombe atomique dénommée « little boy » était larguée par les américains. Cette bombe qui atteignit l'hôpital de la ville, fit, selon les estimations, de 250 000 à 300 000 morts.
Dans les secondes qui suivirent le largage de la bombe par le B 29, 80 000 personnes succombèrent sur place, pulvérisées par le souffle de la déflagration.
Les Etats-Unis justifièrent leur acte criminel par l'effet « pacificateur » de l'emploi de la bombe atomique qui, selon eux, aurait sauvé la vie à un million de leurs soldats.
Quelques jours plus tard, une seconde bombe atomique était larguée sur Nagasaki.
Il faudra attendre 2016 pour que le Président Obama rende hommage aux victimes de ce qui constitue un « crime de guerre ».
Les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo, mis en place à la fin de la deuxième guerre mondiale, jugèrent les responsables appartenant au camp des vaincus. Des peines allant jusqu'à la condamnation à mort furent prononcées. Le Tribunal Militaire International siégeant à Nuremberg prononça 12 condamnations à mort par pendaison. Le Tribunal Militaire International pour l'Extrême-Orient prononça 7 condamnations à la peine capitale par pendaison.
Cette Justice des vainqueurs épargnera les auteurs des crimes de guerre commis dans leurs propres rangs comme ce fut le cas à Hiroshima et Nagasaki.
Dans la première de ces villes, on ne peut éviter la visite du Parc de la Paix.
Dans ce parc est situé le « Dôme de la bombe A ». L'un des seuls bâtiments de la ville à avoir résisté partiellement à la déflagration en raison des matériaux de construction utilisés (voir photo). Le bâtiment est situé à 160 mètres de l'épicentre.
Quelques mètres plus loin, de l'autre coté de la rivière Ota Gawa, le monument des enfants pour la paix (voir photo). Tout en haut, la sculpture d'une fillette, Sadako, décédée d'une leucémie avant d'avoir pu achever les mille grues qui lui auraient permis de réaliser un de ses rêves. Au Japon, selon la tradition, il convient de confectionner mille grues en origami pour voir se réaliser l'un de ses vœux... On ne lui en laissa pas le temps !
On peut également se recueillir devant le tertre funéraire de la bombe A contenant les cendres de 70 000 victimes non identifiées (voir photo).
Tout cela rend bien dérisoires les propos d'une jeune fille de 16 ans qui, contrairement à ce qu'elle a affirmé, a devant elle toute une vie pour pouvoir réaliser ses rêves, ce que nous lui souhaitons.Une perspective dont la jeune Sadako a été privée par la folie des hommes. Prenons garde aux excès de langage, Talleyrand ne considérait-il pas « que tout ce qui est excessif est insignifiant » ?
Cette folie ne peut que susciter l'indignation, lorsque dans un pays certes imparfait mais qui aux yeux du monde symbolise la Révolution et les Lumières, certains, depuis bientôt un an, ne trouvent à s'exprimer qu'à travers la violence et la haine qu'ils instillent. À chacun son avis sur telle ou telle de leurs revendications. Toutefois, un tel comportement me paraît très éloigné de celui dont font preuve les enfants de ceux qui ont vécu l'indicible ! Nous avons pu le constater tout au long de ce séjour !
L'ancien ministre de la Défense, Paul Quilès, dans le livre « Arrêtez la Bombe ! » publié en 2013, après avoir relaté ces faits historiques, rappelle « le mouvement de renforcement et de diffusion de cette arme de destruction massive ».
Celui qui depuis des années, avec d'autres, lutte en faveur du mouvement pour le désarmement nucléaire, nous montre tout l'enjeu de son action lorsqu'il écrit: « L'histoire de l'arme nucléaire est bien celle d'une montée en puissance inexorable de cette capacité de destruction, que rien ne semble pouvoir arrêter ».
L'avenir viendra-t-il à tout le moins atténuer les craintes ainsi formulées ?
Ce constat se révélera-t-il une bien triste prédiction ?
Nous avons aussi notre rôle à jouer en tant que citoyens, dans les réponses qui seront apportées.