Un champ de ruines....

L'Italie, c'est très souvent, la part de rêve qui sommeille en nous.

Pour ma part, c'est tout d'abord, le souvenir d'une délicieuse matinée d'Avril voici une quizaine d'années, où, assis dans les jardins du thêatre San Carlo à Naples, j'ai eu le privilège d'écouter, par les fenêtres grandes ouvertes, la répétition de Don Carlos, dont la Première avait lieu le soir même. Un vrai régal.

Mais c'est aussi le cinéma italien que je dévorais, dans les années 70, au bas du Boulevard Saint Michel et rue Hautefeuille.

Enfin c'étaient les espoirs qu'avait fait naitre la signature du « compromis historique » passé entre la Démocratie Chrétienne d'Aldo Moro et le Parti Communiste Italien d'Enrico Berlinguer.

Le jeune communiste que j'étais et qui, depuis, a glissé vers le « macronisme », avait vu dans cet accord la possibilité d'inventer un socialisme débarrassé de la tutelle soviétique.

Un socialisme à visage humain comme avaient tenté de le construire les tchèques jusqu'au matin du 21 Août 1968.

Les « années de plomb » et le lâche assassinat d'Aldo Moro, avaient largement terni ces espoirs.

Après le scrutin du dimanche 4 Mars, nous pourrions reprendre un cri d'alarme : Fellini, Pasolini, Visconti, Berlinguer, Moro, Reveillez-vous ils sont devenus fous !

Le constat est terrible.

Comme on pouvait le craindre, le Mouvement Cinq Etoiles xénophobe et europhobe est arrivé en tête avec 32 % des voix exprimées.

La coalition de droite qui comprend notamment la Ligue (ex-Ligue du Nord) a réuni plus de 37 % des sufrages exprimés. Au sein de cette coalition, la formation d'extrême droite, la Ligue, est en tête avec 18 % devant Forza Italia la formation de la « momie » Berlusconi.

Et maintenant ?

Les italiens nous ont habitués à l'instabilité gouvernementale et aux combinaisons post-électorales, les plus audacieuses.

En tout état de cause, les deux formations qui ont réuni la moitié des suffrages exprimés, se sont signalées jusqu'ici par leur défiance pour ne pas dire leur hostilité à l'égard des institutions européennes ainsi que par leur rejet de l'immigration.

Pour le reste, c'est un galimatias d'incohérences et de contradictions.

Parviendront-elles à s'entendre pour constituer une majorité europhobe et xénophobe ?

Rien n'est moins sûr.

Peut-on envisager d'autres combinaisons ?

Les dirigeants italiens ont montré par le passé qu'ils ont une imagination débordante.

Les italiens devront-ils revenir aux urnes ?

Rien n'est exclu.

Une certitude :

Il faut que l'Europe réagisse très vite pour apporter des solutions aux nombreux sujets de mécontentement qui secouent les opinions de notre continent.

A chaque élection nationale, elle ne peut continuer à vaciller sur ses bases. Fatalement, il y aura la fois de trop.....

Il faut avoir la « foi du charbonnier » que manifestait ce jour Bernard Guetta dans sa chronique sur France Inter, pour penser que l'Europe pourra surmonter cette situation.

Inch Allah !

Réponse dans quelques semaines ou quelques mois.....